Un avenir plus radieux dès aujourd’hui : le parcours de Candies Kotchapaw pour amplifier l’expérience noire aux quatre coins du monde

Un avenir plus radieux dès aujourd’hui : le parcours de Candies Kotchapaw pour amplifier l’expérience noire aux quatre coins du monde

Pour Candies Kotchapaw, il est important de favoriser l’épanouissement intellectuel des jeunes Noir(e) s et de les aider à exceller dans ce qu’ils ou elles entreprennent. Cette mission a toujours été au coeur de ses ambitions professionnelles.

Au lieu d’attendre passivement que les choses changent, elle a innové en créant des systèmes de soutien destinés à accompagner et à inspirer les générations de jeunes leaders noirs, aujourd’hui comme demain. 

PREMIERS CENTRES D’INTÉRÊT 

Candies Kotchapaw, MTS, TSI, est née en Jamaïque. À l’âge de 14 ans, elle arrive au Canada avec sa famille. Elle y établit immédiatement des parallèles avec les conditions sociales et la prévalence de la pauvreté dans son pays natal. Elle a toujours voulu militer pour les droits de la personne et la réduction de la pauvreté, et elle s’est donc naturellement tournée vers le travail social, même si ce n’était pas son premier objectif. 

« J’ai commencé à m’intéresser de plus en plus aux aspects structurels du travail social, et j’ai vraiment pris conscience de la façon dont les institutions ont affecté et influencé les différentes communautés. Mes études pour devenir travailleuse sociale ont simplement galvanisé la passion qui était la mienne étant plus jeune », déclare Candies. 

CRÉATION DU PROGRAMME DYLOTT

Après avoir exercé comme travailleuse sociale de première ligne pendant de nombreuses années, Candies a repris le chemin de l’université pour obtenir une maîtrise en travail social (MTS). Elle s’est spécialisée dans la pratique politique, mais s’est trouvée profondément affectée par la discrimination systémique à laquelle elle faisait face, tout comme les autres étudiant(e)s noir(e)s. Elle a également pris conscience du peu de débouchés disponibles en diplomatie, le secteur qu’elle souhaitait intégrer. 

« Qui sont les personnes que notre pays choisit généralement pour en faire des hauts-commissaires ou des diplomates à l’étranger? », demande Candies.

« Je n’ai jamais vu quelqu’un comme moi occuper ces postes. Pour le mémoire que j’ai réalisé dans le cadre de ma MTS (intitulé Les politiques du travail social : les travailleurs sociaux racialisés ont-ils leur place dans l’espace de la pratique consacrée à l’élaboration des politiques publiques? [Traduction]), j’ai commencé à réfléchir à la raison pour laquelle il n’existait pas de trajectoire claire pour obtenir ces postes diplomatiques. Cette réflexion a constitué le point de départ du programme DYLOTT. » 

Dans leur rôle professionnel, les travailleuses et travailleurs sociaux ainsi que les techniciennes et techniciens en travail social sont bien placés pour concevoir et mettre en oeuvre des solutions à de tels défis. DYLOTT (pour Developing Young Leaders of Tomorrow, Today [Faisons naître dès aujourd’hui les chefs de file de demain]) est le fruit des recherches menées par Candies. Son ambition était de créer des programmes qui façonnent les futurs leaders noirs, en veillant à structurer DYLOTT de telle sorte que la population canadienne soit représentée sur la scène mondiale dans toute sa diversité. 

Les principes fondamentaux du programme DYLOTT ont convergé quand Candies s’est rendue à Riga (Lettonie) en 2017, et qu’elle y a constaté que les choses étaient encore bien pires pour la jeunesse noire dans certains autres pays. « Je suis rentrée au Canada en pensant qu’il fallait absolument que je fasse quelque chose pour rendre la situation équitable, tout en amplifiant l’excellence des jeunes Noir(e)s dans ces domaines de niche », dit-elle. « J’ai ensuite passé six ans à bâtir des réseaux et à tisser des liens avec de nombreux experts de différents secteurs. » 

À ses débuts, DYLOTT comptait seulement dix enfants, mais le programme a évolué jusqu’à devenir un organisme sans but lucratif à part entière en 2019. Intervenant aujourd’hui en tant qu’organisation, il a renforcé l’ardeur de Candies, qui continue d’encourager un dialogue continu sur les différentes façons de se frayer une voie dans la diplomatie multilatérale. 

DONNER À LA JEUNESSE NOIRE LES MOYENS D’AGIR

Dans le cadre de ses efforts de porte-parole, Candies a saisi l’occasion de créer des initiatives pour mieux soutenir la jeunesse marginalisée et consolider son autonomie. Candies a conçu deux programmes essentiels par l’intermédiaire de DYLOTT. #LeadLikeAGirl offre un mentorat à des jeunes filles âgées de 8 à 17 ans, et leur propose des prises de parole en public pour renforcer leur confiance en elles. 

La deuxième initiative, Black Diplomacy Academy, prépare des membres de 18 à 35 ans pour qu’ils puissent intervenir dans le cadre de débats régionaux, nationaux et internationaux portant sur des enjeux politiques. Sur le plan du travail social, il s’agit de rassembler des secteurs qui communiquent rarement entre eux, et de faire naître un consensus. 

« L’objectif de ces programmes était véritablement d’aider les jeunes Noir(e)s à repérer leurs compétences de leadership, en les encourageant et en leur rappelant qu’ils ont leur place sur la scène politique », affirme-t-elle. « Ces interventions leur ont permis d’avoir une vision du monde plus ouverte, pour les inciter à devenir dès aujourd’hui les chefs de file de demain. »

RESTER PERTINENT

Candies réfléchit souvent à la trajectoire de son organisation. Pour elle, préparer la voie à des solutions collaboratives à court et à long terme est dans l’ADN même de DYLOTT. 

« Pour pouvoir apporter une vraie solution aux difficultés qui touchent les communautés noires depuis si longtemps, mais aussi nous permettre de guérir des traumatismes vécus sur plusieurs générations, nous devons nous rassembler et discuter de ces problèmes en tant qu’experts les uns pour les autres », dit Candies. « Chaque intervenant apporte une précieuse proposition qui a autant de valeur que le financement, la conception de programmes et les répercussions communautaires. »

Les travailleurs sociaux et les techniciens en travail social devraient avoir conscience de ces inégalités historiques et faire partie intégrante de la lutte pour les éliminer. Candies souligne que les programmes de DYLOTT visent à éviter de rouvrir les blessures du passé. Même si la réalité de l’expérience noire est indéniable, DYLOTT opère de façon à offrir un meilleur quotidien dès aujourd’hui en intégrant à ses projets des ressources axées sur l’élaboration de politiques, comme la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine et les Objectifs de développement durable, deux initiatives des Nations Unies. 

Candies souligne que ces ressources se sont révélées particulièrement utiles pendant la pandémie de COVID-19 et pour faire face aux réactions racistes soulevées par les meurtres de George Floyd et de Breonna Taylor en 2020. Pour Candies, ces événements ont montré que les enjeux multidimensionnels qui touchent la population noire ne font pas longtemps les gros titres de la presse. Pour que DYLOTT reste pertinent, il fallait donc poursuivre la croissance de l’organisme de façon plus intentionnelle, et mettre en place un cadre multilatéral associé à des outils globaux. 

« Chaque objectif de développement durable est rattaché à un problème social », rappelle Candies. « Aujourd’hui, quand je contacte des parties prenantes et que je leur dis que le “problème x” appelle la “solution y”, elles sont en mesure de travailler avec DYLOTT pour s’attaquer à cet enjeu concrètement, en concevant des programmes de façon active. » 

UN AVENIR PRODUCTIF EN VUE 

Candies affirme que les alliés jouent un rôle crucial, car il n’y a jamais suffisamment de travailleurs sociaux présents dans un même espace pour donner lieu au changement nécessaire. Elle ajoute que les alliés PANDC comme les alliés non racialisés ont des perspectives uniques sur le monde qui nous entoure, et peuvent prêter assistance de différentes façons, toutes utiles. 

Au vu de l’excellence qui est née dans le sillage de DYLOTT, Candies ambitionne maintenant d’élargir ce programme à des domaines émergents, comme la cybersécurité, pour y faire résonner les voix noires. Quand elle fait le bilan de ce que sa passion lui a permis d’accomplir, notamment le fait que DYLOTT continue d’être un vecteur de changement à tous les échelons (micro, mezzo et macro), son enthousiasme déborde. 

« Tous les jours, je suis pleine d’effervescence en me rendant au travail », dit Candies. « À celles et à ceux qui souhaitent prolonger le travail de DYLOTT de leur propre façon, je conseille de perfectionner leurs talents et leurs dons jusqu’à en faire des forces. » 

L’Ordre remercie Candies d’avoir accepté de nous parler de ses expériences. En gage de gratitude, l’Ordre a versé un don à DYLOTT.