Marcher ensemble : Des approches autochtones de la guérison au St. Joseph’s Care Group

Marcher ensemble : Des approches autochtones de la guérison au St. Joseph’s Care Group

Au St. Joseph’s Care Group (SJCG), à Thunder Bay (Ontario), une équipe de travailleurs sociaux et de techniciens en travail social autochtones remodèle les soins de santé en conjuguant connaissances traditionnelles et modèles de soins occidentaux. Pour Brenda Mason, Ogichidaa Kwe (membre du conseil des aînés), N’doo’owe Binesi, Carly Brar, conseillère autochtone, N’doo’owe Binesi, santé des Autochtones, et Paul Francis Jr., vice-président de N’doo’owe Binesi, santé, partenariats et bien-être des Autochtones, ce travail est profondément personnel et constitue un élément essentiel de la promotion de la réconciliation dans la pratique.   

Brenda Mason and Paul Francis Jr. of St. Joseph’s Care Group, Thunder Bay

Un parcours ancré dans l’identité et la guérison

Pour Carly, son parcours vers le travail social repose sur une expérience vécue. « En tant qu’Autochtone, j’ai ressenti les effets des obstacles systémiques sur les plans physique, émotionnel, spirituel et mental, explique-t-elle. Je veux aider nos communautés à surmonter ces obstacles et à bien vivre ». Au SJCG, elle intègre des pratiques culturelles telles que la purification, le tambourinage à main et les cercles de partage aux séances de counseling, créant des milieux où la guérison est holistique et inclusive.

Paul décrit son chemin comme une vocation. « En tant que travailleur social, je me considère comme un aidant, entièrement dévoué à notre peuple. Je fais partie du clan de l’ours et une partie de nos responsabilités est de protéger. Des membres de notre peuple se trouvent dans ces hôpitaux et ces installations, et je pense que notre équipe veille tout ce qu’elle peut pour les aider et les défendre afin de leur éviter des souffrances, même causées involontairement ».

La carrière de 34 ans de Brenda a commencé presque par hasard. Fraîchement diplômée, elle a postulé pour un poste de travailleuse sociale adjointe auprès des Autochtones dans un hôpital psychiatrique. Ce qui a commencé comme un travail est devenu un voyage d’identité et de guérison pour la vie. « Quand j’ai commencé ma carrière, je reniais mon identité, se souvient-elle. Travailler avec les aînés m’a aidée à m’accepter en tant qu’Anishinaabe et Cri, à renouer avec les cérémonies et à accepter ma langue. Mes clients et les aînés sont devenus mes enseignants, me montrant que la guérison commence par l’acceptation de son identité ».

Avancer avec humilité

Pour les trois, l’humilité est au cœur de leur pratique. Comme l’explique Paul, l’humilité est l’un des Sept Enseignements des Grands-Pères, qui guident la vie du peuple Anishinaabe. « La pratique occidentale enseigne souvent que la personne est l’experte. Mais lorsqu’il s’agit du bien-être, personne d’autre ne peut vous dire ce qui est le mieux pour vous. Le travail social, pour nous, consiste à se demander comment je peux accompagner cette personne et la soutenir »?

Carly ajoute que l’humilité signifie « reconnaître que je ne sais pas tout. Mes clients sont les experts de leur propre vie. Cette perspective les responsabilise, et elle m’aide à prendre du recul et à vraiment écouter ».

Brenda est d’accord, notant que l’humilité est inséparable des autres enseignements. « La guérison traditionnelle m’a appris que les clients sont aussi des guérisseurs. Ils peuvent se guérir eux-mêmes. Nous nous contentons de marcher avec eux et de leur rappeler les outils qu’ils ont déjà ».

La réconciliation dans la pratique

Au SJCG, la réconciliation n’est pas symbolique. Elle est ancrée dans les politiques, les pratiques de dotation en personnel et les activités quotidiennes. Carly la décrit comme « considérer les médecines et cérémonies traditionnelles au même niveau que la médecine occidentale », tout en travaillant collaborativement dans toutes les disciplines.

Brenda se penche sur son long parcours de sensibilisation, de persévérance et de réconciliation. « À mes débuts, j’étais la seule employée membre d’une Première Nation dans une grande organisation. J’ai dû expliquer à mes collègues ce qu’étaient nos médecines et nos cérémonies et ce qu’elles signifiaient. Au début, beaucoup de collègues ne savaient pas ce que je voulais dire quand je parlais de guérison traditionnelle. Au fil du temps, grâce aux histoires, aux cérémonies et même à la science, ils ont commencé à comprendre. Aujourd’hui, St. Joseph’s est ouvert aux pratiques de guérison traditionnelle, comme le tambourinage et les cercles de partage. Cela a pris du temps, mais je suis reconnaissante à la direction, qui était ouverte à nos idées. »

Paul souligne l’importance de l’investissement. « La réconciliation ne peut pas être qu’une idée symbolique. À St. Joseph’s, plus de 30 employés se consacrent à cet effort, soutenus par des budgets existants, et non par des fonds spéciaux. Cette mission fait partie de notre plan stratégique, de nos discussions quotidiennes lors des réunions de gestion. La réconciliation, c’est établir des relations solides, ancrées dans la vision originale des traités. »

Intégrer différentes connaissances

Les sept enseignements sacrés (source de l’image). Pour plus d’informations sur les sept grands-pères, consultez ce site web.

L’équipe décrit l’intégration des approches autochtones et occidentales comme un processus d’apprentissage mutuel. Paul rappelle que les politiques, les locaux et l’éducation sont essentiels. « Cela coûte de l’argent d’avoir des huttes de sudation ou des pavillons d’enseignement. Mais ces pratiques sont très bénéfiques, aussi bien pour les Premières Nations, que pour tout le monde ».

Pour Carly, cette intégration est particulièrement manifeste dans les soins de santé mentale et le traitement de la toxicomanie. « La médecine occidentale traite les symptômes de sevrage, mais nos pratiques culturelles apportent une guérison spirituelle et émotionnelle. Ensemble, ils créent une image plus complète du bien-être ».

Établir des relations fondées sur le respect

Lorsqu’on leur demande ce qu’il faut pour établir un climat de confiance entre le personnel, les clients et les communautés autochtones et non autochtones, les trois mentionnent la vérité, le respect et le temps.

« La confiance est fondamentale, affirme Paul. Beaucoup de nos clients sont traumatisés par les pensionnats, le système de protection de l’enfance et les préjudices systémiques. En tant que membres du personnel, nous devons reconnaître et comprendre cette histoire. Une fois la confiance établie, la gentillesse, l’humour et la générosité de nos employés deviennent manifestes ».

Carly souligne le rôle de l’humilité culturelle. « Cela signifie poser des questions, être ouvert et apprendre sans poser de jugement ».

Brenda ajoute que le respect doit s’illustrer par des actions cohérentes. « Les mots ne suffisent pas. Les clients et les collègues ont besoin doivent voir que vous appliquez vos propres principes ».

Message pour l’avenir

Pour l’avenir, l’équipe partage un espoir commun : que les peuples autochtones et les générations futures prospèrent.

Paul envisage « un avenir où notre peuple est en bonne santé, où la diversité est acceptée et où personne n’a à subir les méfaits du génocide culturel pour trouver sa voie ».

Carly espère voir « notre identité grandir, nos dons partagés et notre culture célébrée comme étant ouverte et généreuse ».

Brenda se penche sur son parcours avec gratitude. « Pour moi, c’est un client à la fois, un cercle à la fois. Nous avons besoin de modèles. Aux personnes inscrites à l’Ordre, je dirais : sachez qui vous êtes, connaissez votre culture et exercez votre métier avec le cœur. C’est de là que commence la guérison ».

L’Ordre remercie Brenda, Carly et Paul de lui avoir accordé des entretiens et d’avoir partagé leur expérience. Pour les remercier, l’Ordre a fait un don au St. Joseph’s Care Group.

De haut en bas et de gauche à droite : Entrée principale de l’hôpital St. Joseph, Centre Sœur Margaret Smith, Centre de santé St. Joseph, Thunder Bay.